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ÉVÉNEMENT DU MOIS D'AVRIL  2001:

 

ENTRETIEN AVEC

EDMOND FIESCHI

Alkest

     Monsieur FIESCHI : encore inconnu il y a quelques  mois. aujourd'hui vous publiez un traité d’alchimie opèrative Pourriez-vous, en quelques   mots, résumer votre filiation. si vous en avez une, et nous dire ce qui vous a poussé à publier ce livre ?

Edmond FIESCHI :

    Lorsque l’on parle filiation, l’idée d’une transmission, en l’occurrence alchimique, par le canal d’un Maître es qualité, est émise. Il existe toutes sortes de filiations : d’ordre physique et de présence, par l’étude de textes et d’ouvrages divers, l’échange de correspondance, d’expériences partagées auprès de "labourants" , etc. II y a aussi l’appartenance éventuelle à une Organisation initiatique. voire plusieurs organismes de cet ordre. En ce qui me concerne particulièrement, je n’ai jamais relevé d’une Secte ou d’un Ordre alchimique quelconque. Mon expérience à l'athanor s'appuie sur la synthèse des moyens ci-dessus évoqués et les échecs. réussites. dans l’Art Royal. Elle s’est surtout réalisé malgré les mensonges et les diverses manipulations envieuses de pseudo alchimistes qui prétendaient détenir des secrets et les garder pour eux, uniquement.

Après avoir été cherchant, je suis devenu souffrant puis persévérant. J’ai découvert que quantité de chercheurs, sincères, faisaient l’objet d’une exploitation éhontée. Je me suis trouvé dans cette situation, en 1966, avec un pseudo Maître en alchimie qui sévissait dans une certaine région de la France. Profitant de ma jeunesse et mon ignorance, il voulait m’intégrer dans une Secte dont je ne dirai pas plus ; je m’en étais enfui.

Aujourd’hui, il existe un " hermétisme de bazar" et quantité de voies fleurissent au printemps d’une pseudo alchimie d’opérette. dont les prêtres s’érigent en censeurs de tout ce qui ne convient point à leur Commerce. On propose la fabrication de la Pierre philosophale en " kit", le petit coffret et la panoplie de David CROCKET déguisé en alchimiste. On y redécouvre la pharmacie ou la chimie. En revanche, il est extrêmement rare de lire ou d’entendre que le but de l’Art alchimique est de constituer un corps capable de concentrer 1’Energie Universelle, venue du Vide, et qui "frange 1 ‘extrèmitè obscure du spectre èlectromagnètique", outre celle du tellurisme.

Les ouvrages magistraux que l’Art Royal doit à FULCANELLI et CANSELIET, pour ne citer qu’eux, faute d’avoir été " réalisésintérieurement par certains chercheurs. ont fait place à une bibliographie plus moderne au sein de laquelle il est devenu parfois difficile de séparer le bon grain de l’ivraie. Mon modeste ouvrage s’inscrit dans la volonté d’une salubrité publique en un domaine qui exige l’honnêteté intellectuelle la plus scientifique et la liberté totale. Sans gourou ! D'autant plus qu'il existe d'autres voies alchimiques, valables. que celle de FULCANELLI et il suffit de correspondre avec les pays étrangers pour s’en informer et de travailler au fourneau pour s‘en convaincre !

                         A: 

Dans le chapitre " Comment on fabrique des idiots " vous lancez un véritable cri d’alerte au sujet de la manipulation permanente de la Société et des Esprits. A travers un livre qui se veut un traité d’alchimie opérative, qui comptez-vous atteindre ou faire réagir ?

E. F. :

L’Alchimie peut être considérée comme une Science de la matière et de l’énergie. Sans l’homme, qui apporte l’idée d’une Conscience animatrice de ces deux éléments, existerait-elle totalement ?

La science alchimique s’inscrit dans un contexte de questionnements :

1     Le domaine scientifique ne suffit pas à donner un sens à la vie ; les philosophies non plus, pas plus que les religions. idéologies, politiques. etc. ne peuvent satisfaire cette nécessité.

2     Comment l’homme peut-il être moral. sans désespoir, dans cette vie finie et dépendante. où sévissent les guerres. les tortures, les génocides ?

3     Pourquoi l‘existence si la science ne peut pas faire accéder à une notion de Responsabilité ontologique ?

Autrement dit, si aucune découverte scientifique explique la souffrance. ses raisons. son dessein , si l’ignorance reste le fondement de toutes les épreuves existentielles. comment peut-on imputer une responsabilité au vivant ? Y a-t-il une âme des choses ‘?

L'alchimie véritable , qui n'est pas celle des chercheurs d'or, devrait pouvoir initié un questionnement devant l'athanor. Le vivant, Pourquoi ?

Tant que l’homme n’aura aucune justification ontologique à être moral, sinon à travers des vertus négatives qu’exploitèrent les diverses religions de par le monde. il se contentera de rester le plus parfait animal prédateur, le plus terrible. Plus odieux que le tyrannosaure puisqu‘il est le seul à pratiquer l‘agression intra spécifique à l’intérieur de sa propre espèce. 11 faut une proposition. nouvelle. pour une Humanisation de l’humain, que délivrerait la Science. Or, dans l‘état actuel des choses. seule l’alchimie pourrait répondre à cette exigence. Mais laquelle puisqu’il existe quantité de technologies qui utilisent des matières aussi nombreuses que différentes ? Y a-t-il une véritable quête alchimique qui révèle une Âme ?

La condensation d’énergie au sein de la matière est, en regard de la Genèse de l‘univers, similaire à l’acte divin. Il s’agit d‘une création. Mais la question venant aussitôt à l’esprit est :

« Est-ce que la matière génère le Moi. la personnalité a 1 ‘instar de / ‘image d’un fantôme dans une boite noire ? Est-elle pensante. comme un ordinateur ? Ou bien, existe-t-il une entité. un flux de conscience ininterrompu, qui revêtirait tous les aspects de la forme - énergie matière - a 1 ‘infini et dans 1 ‘éternité ? En clair, est-ce que la matière devient pensante. par sa composition d’éléments très spécifiques. ou bien est-elle pensante par 1' Incorporation. la matérialisation d‘une « Âme » ?

Aucune religion n’a pu répondre à ce questionnement. La science faillit encore à ce sujet. Il restait l’alchimie !

Grave réponse ? Oui, car s’il suffisait de fabriquer une Pierre philosophale pour trouver la preuve de l’existence d’une âme, d’une conscience co-naturelle à la matière. alors il conviendrait de publier cette découverte à l’échelle planétaire et l‘homme deviendrait " humain " ! Or. aucun alchimiste n’a pu trouver l’âme des choses dans son creuset. Toutefois, n’y aurait-il point des repères cognitifs, comme des lueurs imprécises d’abord, qui préludent à ces découvertes majeures qui font émerger les grandes civilisations ?

SOCRATE affirmait que la Sagesse était la conséquence de la science. Il n’y aurait pas de sagesse ni de morale, instinctives. Tout viendrait de la Connaissance. Ce dernier vocable est lourd de sens car il diffère du mot « savoir ». Lc savoir ne serait qu’un acquis mémoriel, issu de mental sensoriel. La connaissance découlerait d’un processus subtil de distanciation avec l’existentiel, à la manière d’un spectateur qui serait aussi acteur ; il se renverrait, à lui-même, le résultat de l’expérience sensorielle et obtiendrait un accroissement de sa Conscience par le sens virulent d’une responsabilisation en croissance quasi exponentielle.

Face à la matière, qui bout dans le creuset, l’alchimiste constate les effets de l’énergie qui "prend corps" sous ses yeux. Puis, il observe la mutation des matériaux en des composants nouveaux, qui surgissent en une sorte de création spontanée. Et il se demande : " comment est-ce possible " ? S’il réalise une transmutation de métal vil en métal noble, il s’interroge : "pourquoi ? Et maintenant, qu ‘est-ce que je fais ? Qu ‘est-ce que je suis ? A quoi cela sert-il ? A rien ?

Qu’est-ce que l'ignorance ? La Réalisation spirituelle ? La Perfection ? Quelle est la nature du monde phénoménal, du mental ? Sont-ce des questions qui reflètent, uniquement, les limites et limitations de notre cerveau ? Et la notion du Vide d’où proviendrait une "certaine énergie ? Au-delà du Vide, ultime concept, y a-t- il 1’Ignorance inhérente à l’Être qui, par contradiction ontologique, initierait 1’Existence pour la Connaissance ? Entre l’être et l’Existentiel, y aurait-il un médium que l’hindouisme nommerait « atman », le christianisme, âme, etc. ?

L’alchimie n’a aucune autre intention que de réduire, en un laboratoire de dimension humaine, la Création « au sein de la terre ». Nous ne disons pas " création de la terre et des Univers"  Avant de regarder ailleurs, dans les cosmos, il convient de voir chez soi ; d’abord ! Ce constat a la force de l’évidence et nous incite à l’humilité ! C’est la première étape vers une Vérité plus élevé

Ces considérations s’adressent aux hommes et aux femmes de désir ;du désir  d'être autre, sans cesse,  pour être davantage SOI. Et ce sera, peut-être, l’avènement d’une nouvelle ère.

A. :

L ‘alchimie est-elle, d’après vous, un moyen d’échapper à la manipulation des esprits, que vous évoquez ?

E. F. :

La manipulation du mental collectif, commence par le conditionnement individuel. Uniformiser, standardiser la pensée et le sentiment, satisfaire l’estomac en endormant la pensée, tous ces éléments furent exploites, autrefois et le sont aujourd’hui, afin de gouverner et de contrôler le psychisme des humains. Les hommes sont comme des bovidés qui sont hypnotises par la propagande politique qui est un véritable viol psychique. L’alchimie, en sa vocation d’éveil à une conscience supérieure, peut déshypnotiser l’opérateur qui charbonne devant l’athanor. Pourquoi ? Comment ?

L’inconnu est sous-jacent à la pratique du Grand OEuvre Malgré le rassemblement de toutes les données scientifiques, possibles, pour la réalisation de son œuvre, l’opérateur ne sait pas ce qu’il va découvrir. Des lors, un mécanisme neurologique, naturel, s’accomplit :

a) Le cerveau chamanique, la partie droite. s’active en sa fonction créatrice, artistique, intuitive.

b) Le cerveau rationnel, la partie gauche, se relativise.

Globalement. l’alchimiste se trouve dans la même situation d’un enfant qui découvrirait, pour la première fois, un cygne, ou une fleur. ou une rivière. etc. L’émerveillement. 15 présence totale à l’événement, l’innocence par absence de mémoire tampon et. par conséquent. accès à la perception vraie. Puis intervient l’œuvre de compréhension. d’appropriation du vécu et acquisition de souvenir. Et ce sera, là, que les difficultés commenceront !

Imaginons que vous êtes seul. dans le désert du Sahara et que. loin devant vous. une image de couleur verte se présente à la vue. Si vous n'avez jamais vu de végétaux, vous ne vous référeriez pas à ceux ci pour expliquer la nature de votre vision. Si vous en avez vus. alors il viendra à votre esprit qu‘il s’agit, sûrement. d’un arbre. Puis, vous avancez vers l'objet visuel. jusqu‘au moment il s‘évanouit et vous réalisez qu’il s’agissait de mirage. Que s’est-t-il passé ?

Une sorte d‘hypnose s'était produite et qui s‘articulait autour de quelques objets :

1     L’œil vous avait trompé et vous avez confondu une image virtuelle avec une réelle.

2     Le conditionnement de votre mémoire vous avait obligé à penser qu’il s’agissait. sûrement. d’un végétal.

3     L'illusion sensorielle provoqua la perception fausse d‘un phénomène. Vous ne pensiez qu‘il pouvait s‘agir d‘une apparence. Vous avez fait acte de foi !

La pratique alchimique permet d'éradiquer certains conditionnements. d'ordre culturel. mnémonique, hypnotique, par l’émerveillement de l'enfance. Car, on ne sait pas ce qui se produit réellement. à priori. dans l’athanor. L’ouverture à l’inconnu, ouvre des portes de l‘inconscient qui se libère des conditionnements hypnotiques, naturellement.

L’alchimie a donc une vocation thérapeutique. de libération intérieure. Elle n‘est pas essentiellement une technique de transmutation du plomb en or.

Est-ce qu‘il existe une Science de l'Âme ? Quand s‘inaugurera-t-elle ?

A:

Vous avez écrit " Aucune religion. ni pseudo secret initiatique ne sont supérieurs à la vérité". Qu ‘est-ce pour vous la vérité ? Et doit-on en déduire que, pour vous. 1 ‘alchimie ne constitue pas un secret initiatique ?

E. F. :

Les religions ont. toutes, drapé les rideaux de leurs sanctuaires du sang des hérétiques quelles combattirent. Les sectes dites initiatiques ont manifesté de l'intolérance. croire du fanatisme exclusif. et les projecteurs de l’actualité se sont focalisés. actuellement. contre ce fléau. Pour nous. alchimistes. nous ne pouvons que combattre les dogmatismes qui ont pu. par le passé. aboutir à faire rôtir un Giordano BRUNO sur le bûcher de l’inquisition vaticane et à faire renier le grand GALILÉE qui. tous deus. affirmaient la rotondité de la terre.

Il n’existe pas une vérité mais plusieurs. Beaucoup de gens exigent la vérité qu’ils veulent croire. La quête de la vérité scientifique s’inscrit dans l’objectivité et aboutit à la notion de (( connaissance H. Dans d’autres domaines du monde sensoriel. mental. la subjectivité sévit plus ou moins. Nous savons qu'un mirage saharien reflète un événement ; il ne le constitue point. sinon subjectivement. Ce que nous appelons et concevons comme " vérité " n‘est que le fruit de la projection de notre subjectivité sur l‘environnement qui se réfracte à travers nos structures neurologiques ; nous pensons : c’est la réalité ! Alors qu‘il ne s‘agit que d’un morceau de vérité. L’ultime Réalité est reculée à l’infini, de manière exponentielle ; elle ne saurait être atteinte car elle échappe au plan sensoriel ; le serait-elle que la vie serait finie et, de ce fait, n’ "existerait" pas ! L’idée de Réalité est liée à l’Être ; l’idée de vérité à I’Existentiel. A ce propos, le grand penseur TEILHARD DE CHARDIN confiait :

" Parvenu à 1 ‘extrême de ses analyses, le savant ne sait plus trop si la structure qu Il atteint est 1 ‘essence de la matière qu' il étudie ou bien le reflet de sa propre pensée".

Constat interrogatif qui conditionne toute considération scientifique. Car la question fondamentale qui se pose avec acuité, en corollaire de la pensée de ce Philosophe est :

" Est-ce qu ‘il existe une Réalité que la Conscience n ‘atteindra jamais, sauf à la reculer infiniment, des outils mentaux se spécifiant, sans cesse, de manière exponentielle ? "

Le Philosophe KANT concevait le monde existentiel s’articulant autour de deux volets :

  • L ‘immanence.

  • La transcendance.

                    L’immanence est comme l’état actuel d’une vérité, moment historique de la quête vers la connaissance.

La transcendance est comme la remise en cause d’une vérité, vers une autre, plus haute.

        Ainsi, autrefois l’atome fût considéré insécable ! Puis, Nicolas FERMI, le couple CURIE, découvrirent la fission de l’atome ! Vérité aujourd’hui ; erreur demain ! Nous cheminons, non pas d’erreurs en vérités, mais de vérités en vérités.

    Extrait du Chapitre : « De la Sagesse de la Transcendance (al-hikmat as-subûhiyah) dans le verbe de Noé » - par MUHYI - D - DIN IBN ‘AMBI - La Sagesse des Prophètes (Fuçuç Al-Hikam) - Editions Albin MICHEL.

            "Pour les connaissants des Vérités divines (ah1 al-haqâlq)., affirmer [unilatéralement] que Dieu est incomparable aux choses, c ‘est précisément limiter et rendre conditionnelle la conception de la Réalité divine [car on exclut ainsi les qualités des choses] ; celui qui nie toute similitude à 1 ‘égard de Dieu, sans se départir de ce point de vue exclusif manifeste soit une ignorance, soit un manque de « tact » (adab). L ‘éxotériste qui insiste uniquement sur la transcendance divine (al-tanzih) [à 1 ‘exclusion de 1 ‘immanence (al-tashb’ih)] calomnie Dieu et Ses envoyés - sur Eux la bénédiction divine ! - sans s’en apercevoir ; s'imaginant qu ‘il atteint la cible, il frappe tout à côté ; car il est de ceux qui n acceptent qu ‘une partie de la révélation divine et en rejettent 1 ‘autre."


         Si l’on prend de l’eau à 10 "centigrades et une autre à 20°, la première est froide et l’autre chaude. Mais si nous prenons une troisième eau à 30°, les deux autres deviennent alors froides ! Aux vérités préalables succèdent, toujours, d’autres plus élevées. A l’infini, de manière exponentielle.

        En ce contexte, la Vérité ne saurait pas être un acquis. Elle sera, plus fondamentalement, un vécu ontologique, le fruit du dépouillement des vérités contingentes, éphémères, qu’il convient de "casser" ainsi que nous y invitait le grand Charles PEGUY. La Vérité est comme un état intérieur de la Conscience achevée et réalisée. Initiation véritable. Y a-t-il un secret alchimique, d’ordre initiatique ?

Nul n’est initié que par lui-même ! Car l‘évolution ontologique est strictement individuelle. Nul ne peut se substituer à soi-même pour évoluer ; aucune secte. aucune religion. aucune "révélation" sacrée ou pas ! Le sacré c’est la Vie, l’univers. les Mondes. Il est partout et nulle part. Par conséquent. l’alchimie fait partie du sacré, de 1’initiation. car elle est de ce monde qui est sacré ! Parce qu‘elle est Universelle.

Mais, l’Alchimie ne saurait être inféodée, accaparée récupérée par une idéologie pseudo initiatique. Pseudo initiatique quand le sectarisme se substitue à l’Universalisme de la conscience ; quand des despotes et "gourous" accroissent la prédateur originel qui réside en eux ; quand ils endoctrinent et évangélisent des victimes. Toute vérité organisée est une incongruité la plus terrible.

Es qualité, 1’Alchimie est initiatique comme la vie l'est. Tout ce qui existe est initiatique ; l’ultime Temple alchimique est 1’Homme lui-même. L’Alchimiste véritable se considère comme l’ultime athanor intérieur.

                    A:

D ‘après vous. n ‘y a t il pas antinomie entre le -fait de pouvoir s ‘exprimer comme vous 1 ‘avez -fait dans votre ouvrage. celui de pouvoir pratiquer l ‘alchimie dans un pays comme le notre et le bridage du système dont vous parlez ?

E. F. :

La liberté s’use si on ne l’utilise point. Déjà. autrefois. on a pu entendre :

"Laissez-les. Monseigneur. dans car. s’ils venaient à comprendre, ils n ‘obéiraient plus"!

Il existe un compartimentage des connaissances. caractéristique majeure de notre civilisation occidentale. Si nous prenons l‘Inde, par exemple, tout y est possible car la civilisation indienne ne repose pas encore sur le contrôle de chaque citoyen. En dehors des notions aseptisées du "bien"  et du "mal" selon le concept lacanien de ces termes (le psychologue LACAN affirmait : souvent, c‘est au nom du bien que 1‘on fait le mal), l’individu est libre du choix de ses croyances, de fréquenter n'importe "guru" (ce terme n à pas lu même signification qu ‘en occident, d'écrire ce qu‘il veut, sans tabou, d’agir comme il lui semble, à condition de ne nuire à l’intégrité de personne. C‘est le libre progrès. Ce n‘est pas le paradis qui n‘existe nulle part, mais c'est encore une aire d’aventure non aseptisée. Pour combien de temps ?

Certes, il ne convient pas de rêver et d'appréhender des vaches sacrées dans nos rues ! Mais, entre l‘Inspiration socialisée, l‘Intellectualisme financé, 1’Amour légalisé, la Liberté industrialisée, la Paix armée, l’Expression canalisée à des fins de "pouvoir", la faiblesse de nos civilisations contemporaines est ainsi constituée. Nous vivrons dans une atmosphère de menace permanente. asphyxiante, d'agitation ludique ou futile, de misère mentale et spirituelle.

En ce conteste. la petite liberté qui est encore consentie à l’égard de la publication de mon ouvrage, de l’expression qui y est contenue, est bien réduite et aléatoire. La preuve ? Elle réside dans le fait que vous me posiez la question. II existe donc bien une angoisse, inconsciente. de la précarité de notre système de société qui se vante de la DÉCLARATION des DROITS de L‘HOMME de 1789. en oblitérant son homologue de 1793 ! Oblitération qui se justifie par la volonté des Gouvernants de pratiquer une politique de type " main de fer dans un gant de velours " : politique qui serait impossible avec la Déclaration de 1793 laquelle s’avère beaucoup plus libérale. La première pouvant aboutir à n‘importe quelle dictature larvée.

En réalité. il n‘y a pas antinomie véritable parce qu’il y a contrôle permanent des cerveaux : ce qui est publié, pratiqué, est géré, observé. Rien qui ne soit autorisé n‘est faisable. Et, à la limite, le fait de laisser s’exprimer un écrivain comme moi, n’est pas révélateur d’une plus grande liberté sociale. Souvenons-nous de l'affaire Salman RUSHDIE. Et du "fol" du Tarot ?

A :

Une des représentations symboliques de l ‘alchimiste est celle du fou dans le jeu de tarot. Qu ‘est-ce que cela vous évoque ?

E. F. :

Autrefois, les Rois, nobles, aristocrates avaient leurs "fous", qui étaient des "voyous"- c’est à dire des voyants - et le Notre Dame de Paris par Victor HUGO relate cette évidence. Le "fou", le "fol" plus exactement, était comme sacré, intouchable. On retrouve le même statut social chez les troubadours qui furent des alchimistes, pour la plupart. Seuls, en toute impunité, ils avaient le droit de dire la "vérité" à leurs suzerains. Et ils la disaient à travers des allégories, des satires, des contes ; inaugurant, ainsi, un mode de communication codée, quasi psychanalytique.

Les "fous" étaient aussi des agents de renseignements. Ils véhiculaient des données scientifiques, médicales, pharmaceutiques, herboristiques, des idées démocratiques même. En pays cathare, languedocien, les troubadours, les «fols » alchimistes, instaurèrent la tolérance et l’ouverture au savoir étranger ; ils préparèrent la chute de la monarchie car, pour eux, l’idée de la transmutation du plomb en or avait une connotation "initiatique", sociale et politique : l’accès à l’instruction et à la connaissance pour les "vilains" - les roturiers (le plomb). Véritable transmutation humaine car la Connaissance rend libre et la Liberté rend vrai ! Ultime Pierre philosophale, humaine. Cette réalité est à évaluer, en toute lucidité, pour ceux qui voudront tirer les leçons de l’histoire. La carte du Tarot, représentant le "fou", est un hiéroglyphe alchimique, comme tout l’ensemble des arcanes majeurs ressort de cette sémantique.

Sans jouer à l’épistémologue chevronné, notons que le "fol" du tarot - dit de Marseille - est, à la fois, le symbole du Sage réalisé - le Connaissant qui se fluidifie avec la flamme de la chandelle de la Conscience - et de l’insensé. Pour le vulgum pecus, l’insensé est un dément, un fou à enfermer dans un asile d’aliénés. Le fait de perdre ses sens, est-il à confondre avec celui de la perte de la raison ? Etre alchimiste, est-ce avoir perdu les sens, ou la raison, ou bien les deux ? Et qui décide que celui-ci déraisonne en raisonnant, plutôt que celui-là ? Est-ce que ceux qui déclaraient la terre ronde, déraisonnaient ? Et les sectateurs de la terre plate ? Ils avaient le droit, tous les deux, de penser ce qu’ils voulaient mais pas de tuer leurs détracteurs!

Considérons les lemmes suivants :

                    a) Il faut cesser d’exister pour être !

b) II faut savoir mourir à 1‘illusion sensorielle pour consciencialiser la Vacuité.

I1 est évident que 1’Alchimiste du tarot, représenté par le "fol", éclairé par le travail à l’athanor, est théoriquement mort à l’illusion du monde des sens, car il les relativise. L’œuvre alchimique implique toute l’entité humaine et la mène vers une Conscience plus haute de la Réalité.

S’il y a une cosmogenése, contemporaine de l’état actuel de nos connaissances en astrophysique, pourquoi plusieurs métaphysiques ?

Alors qu’il pourrait y avoir, de manière essentiellement rationnelle :

a) Un macrocosme (laboratoire universel)

                    b) Un médium (laboratoire inorganique et organique)

                    c) Un microcosme (Laboratoire alchimique)

Le tout fonctionnant en osmose et symbiose.

Le «fol » du tarot fut contemporain du futur ; il le reste ! A condition de "désymboliser" les symboles.

A:

Au sujet de la pratique que vous avez développée, vous détaillez un processus qui ne diffère pas beaucoup d’une séparation métallurgique, particulièrement pour la toute première partie du livre. Pourtant, dans le chapitre « Conjonction et séparation » d’Eugène CANSELIET que vous citez souvent, il est question dune tout autre façon de procéder ? Pouvez-vous expliquer cela ?

E. F. :

Effectivement, dans la première partie de mon ouvrage, il s’agit bien d’une séparation parce que la technologie aboutit à un "particulier" et non pas à une Pierre philosophale. D’ailleurs, je suis très explicite, à cet égard, dans le chapitre 1 de mon livre.

La Voie du cinabre se termine par un cinabre reconstitué et un amalgame, ainsi que je l’ai précisé. Je n’ai pas tout révélé de ce sujet, dans mon ouvrage. Ainsi, la séparation des trois éléments se réalise, vraiment, si l’on ajoute l’aluminium à la potasse et au cinabre. dans la cornue et au départ. Sans adjonction d’aluminium, pas de séparation préalable !

        A l’égard de l’enseignement de FULCANELLI, repris par CANSELIET, le processus est différent puisqu’il s’agit, alors, d’alchimie véritable au niveau atomique. L’énergie doit être captée ; aussi bien celle dans la frange des ultra violets que du tellurisme. En clair, il convient d’élire un lieu d’émergence tellurique pour oeuvrer facilement au fourneau. Les aspects astronomiques sont à observer, canoniquement. Si les conditions stellaires - dans le sens de cieux - ne sont pas respectées, ce n’est plus de l’alchimie mais de la chimie. Il faut réunir, à la fois, le flux virulent, maximum, des énergies stellaires, et celui de notre Mère la terre. Si le pompage de l’énergie terrestre, par la Pierre philosophale, est lent ou nul, l’œuvre pâtit.

        Par ailleurs les suites de la pollution atomique, par Tchernobyl et d’autres centrales nucléaires encore, sont quasi catastrophiques et le mensonge par omission sévit encore. Pour oeuvrer en alchimie il convient de monter à l’altitude 2500 mètres et au-dessus, afin de bénéficier d’un afflux d’ondes, dans la frange des ultra violets, semblable à celui de l’équateur et pour échapper à la contamination atmosphérique.

A. :

Eugène CANSELIET a écrit. au sujet de 1 assation : " Ici, la physique doit aider la chimie en une action qui est intime, réciproque, et justifie que, vis à vis l’une de l’autre, l’alchimie bénéficie de toute précellence ».

Pensez-vous, vraiment, que la matière abreuvée, comme vous le décrivez avec 1 ‘eau de rosée, suffise à justifier la citation de Monsieur CANSELIET ?

E. F. :

Eugène CANSELIET n’a pas tout dit ; à l’instar de FULCANELLI et de tous les alchimistes véritables du passe. Par conséquent, il fallait découvrir le "caché" par le travail au fourneau. Seule l’expérience pouvait combler le vide d’information. C’est ce que j’avais fait !

Si l’on œuvre l’assation, uniquement sur la foi des écrits de CANSELIET à cet égard, on aboutit à une impasse. La poudre de trisulfure d’antimoine pulvérisé doit être mélangée à du gravier moyen et non pas du sable. La chauffe doit s’établir lors des phases fastes, enseignées dans tous les bons livres d’alchimie (lune de mai et juin) et le mélange de la matière avec l’eau de rosée n’est pas suffisant pour l’obtention d’un minerai revivifié. Cet élément a été analysé dans mon livre. Toutefois, étant donné que la rosée actuelle est polluée par des traces de strontium et d’uranium, la rendant ainsi radio active, le problème se corse ;un spectrographe de masse ne saurait résoudre le problème de l’Esprit Universel. II est conseillé de fermer la matière en assation dans un récipient, non métallique, afin d’éviter que l’oxydation ne soit trop importante. Les alchimistes contemporains devront savoir que la pollution par la radioactivité ne doit pas aboutir à l’idée, fallacieuse, qu’il soit possible de travailler avec du pechblende. C‘est une boutade ! L’assation. réalisée sur des sites inadéquats. ne réussit point. Je l’ai analysé ci-dessus.

                A:

Vous évoquez la grande coction et ses différents degrés de température. Doit-on en déduire que vous avez abordé ou réalisé et conclu cette phase ?

E. F. :

Après avoir étudié l’alchimie de la voie dite sèche, selon FULCANELLI, j’avais comparé sa technologie avec d’autres, hétérodoxe. Il s'avéra à l'examen qu'une autre méthode, plus rapide et moins difficultueuse, existait ; je la résume rapidement, sans entrer dans les détails qui n’ont pas lieu d’être révélés ici :

                    a) Outre le trisulfure d’antimoine, il convient d’utiliser du cuivre en limaille, du mercure métal, vulgaire, de l ‘or métal ensemble et au creuset.

                    b) Le régule martial, vénusien. est traité par du chlorure d ‘ammonium à la troisième purification. Il avait été traité, au préalable. par les autres sels canonique.

c)Enfin. les diverses matières -font 1‘objet d’une coction avec montée  des températures. pendant 6 mois environ.

d)Les multiplications se réalisent avec de nouveaux régules.

Ces éléments, nouveaux. s’intègrent dans mon ouvrage puisqu’il s’agit d’une branche d’un même tronc .

Cette œuvre est plus facile que celle, officielle, de CANSELIET. Est-ce que CANSELIET avait réussi son Grand Œuvre ? Les notes de musique, auxquelles il se réfère, ne sont audibles que si l’on ferme le creuset avec du mica ! Autrement. on n’entend rien.

Enfin sans l’obéissance absolue aux conditions énergétiques. d’origine stellaire et terrestre, et sur des sites propres de toute pollution atmosphérique et du sol, l' échec est quasi obligatoire.

A:

Comptez-vous en rester là, ou publier de nouveaux éléments concernant la pratique au fourneau ?

E. F. :

Après avoir publié deux ouvrages précédents - intitulés GNOSE ET GNOSTICISME et INITIATION A LA LUMIÈRE D’ORIENT - chez les Éditions A. C. V. à Lyon (Rhône), j'ai écrit le CREUSET DE LUMIÈRE pour les jeunes et les moins jeunes qui auront eu le sentiment d‘avoir été "piégés par la vie"! Le désespoir, la détresse, je les ai connus. Il faut éviter les faillites entraînées par une quête éperdue du secret des anciens alchimistes, qui n’aboutirait point.

Aussi, je n’en resterai pas !

Car, si la vie est un rêve, il faut en faire une vérité.

 

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