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ÉVÉNEMENT DU MOIS DE JUIN  2000:

 

TÉMOIGNAGE de Jean Marc Savary

Éditeur d'art 

 

Alkest :Vous êtes éditeur d'art depuis fort longtemps et vous êtes passionné par l'alchimie.                 Pourquoi ?

Jean Marc Savary: Je suis avant tout passionné par les traités d'alchimie. Pour un éditeur d'art, la richesse des illustrations et la beauté des textes sont éblouissants. Aujourd'hui, des éditeurs britanniques m'ont confié la direction de leurs collections en langue française. Naturellement, j'ai commencé par mes passions premières...

A: Comment avez vous rencontré cette passion ? Et pouvez vous présenter en deux mots la revue Liber Mirabilis puisque nous abordons ce sujet?

JMS: En tombant dedans en étant petit... Non, j'exagère ! J'ai une formation de littéraire et j'ai été vraiment fasciné par les beaux traités d'alchimie du passé. Par la suite, je me suis rendu compte qu'il y avait sûrement plus qu'un message philosophique dans ces textes. Puis vinrent mes rencontres avec des opératifs...
La revue Liber Mirabilis que j'ai fondée traite sérieusement des grands thèmes de l'hermétisme et des civilisations comparées quitte à ébranler des rêveries romantiques. A cet égard, le numéro que nous avons consacré à la saga du grand monarque fit grand bruit.
Pour résumer, nous tentons de démontrer que la Tradition est une et qu'elle ne subit que des adaptations climatiques...

A: Pour revenir aux sujets qui nous passionnent tous les deux, Les Livres, Vous avez donc récemment édité un ouvrage qui à fait résonance dans le monde de l'Alchimie. Ce fameux Finis Gloriae Mundi .Avez vous la certitude qu'il soit de Fulcanelli ?

JMS: Attribué à Fulcanelli serait plus exact comme l'étaient également les deux premiers livres. Vous savez, l'identité de l'Adepte n'est que secondaire comme aimait à le rappeler Canseliet : "La règle de prudence à l'endroit des travaux passait à celle du secret absolu, en ce qui
concernait la personnalité de l'Adepte, et cela dans la rigueur et l'universalité que nous comprenons mieux que quiconque, nous qui n'avons pas craint d'assumer les lourdes conséquences d'un comportement exceptionnel, sans doute autorisé en ce demi siècle éminemment tragique
et transitoire. Quelle aveugle passion, quelle fiévreuse activité, n'est capable de susciter et d'entretenir, la constatation irritante que nous puissions connaître tant de choses que nous nous entêtons à réserver !
Non pas qu'on désire ce qui a du prix et dont nous ne lassons pas de parler quelquefois ! Ce qu'on voudrait, ce sont les petits détails qui restent cachés, à savoir, par exemple, les nom, prénom et naissance du Maître, enregistrés dûment par l'état civil, les lieux divers où il vécut, les pastilles qu'il suçait, le tabac dont il bourrait sa pipe ou roulait ses cigarettes." Servir la contre-tradition pour nourrir  une malsaine curiosité est donc une occupation que je laisse à d'autres...
Vous savez, dans cette histoire, j'ai joué pleinement mon rôle d'éditeur. Lorsque Jacques d'Arès ma confié le texte de ce livre qu'il avait reçu, il avait formulé sa certitude de la "filiation" avec le reste de l'œuvre. Pour ma part, je remarquai la qualité d'un texte incontestablement hors du commun d'un point de vue de la langue comme de la philosophie.

Par la suite, alors que le livre était imprimé et pas encore présenté au public, j'ai confié "l'enfant" à un opératif pour connaître ses impressions : Bernard Chauvière. Il résultait de sa lecture deux éléments incontournables. 

1 -Ce texte méritait d'être publié tant ses qualités évidentes étaient exceptionnelles.
2 -Un point opératif précis, confié oralement par Eugène Canseliet  à Bernard Chauvière, totalement secret à ce jour, et dont Bernard désirait livrer la primeur dans son livre, était clairement indiqué dans le F.G.M. Bernard, selon son expression, eut "le cœur qui en bondit dans la poitrine." Il me confia même qu'il se demandait s'il devait laisser cette information dans son livre au risque d'être confondu avec Fulcanelli. Je lui ai répondu qu'il devait livrer son texte sans l'édulcorer.
De fait, j'avais la double certitude que l'auteur du F.G.M était un opératif et qu'il oeuvrait sans doute possible dans la voie de Canseliet et donc de Fulcanelli. Enfin, grâce à Jacques d'Arès, dont le parcours personnel se confond avec cette aventure dès sa genèse, j'avais une garantie supplémentaire. 

Plus tard, des scientifiques furent intrigués, voire enthousiastes. Le Professeur Bounias de l'Université d'Avignon m'écrivit que : "En F.G.M, je retrouve des commentaires tout à fait en accord avec mes propres conclusions". Et il me demanda l'autorisation de le citer dans ses écrits.
Jacques d'Arès reçut également des lettres remarquables comme celle du
Professeur Larcher.
Donc, l'œuvre est originale, pertinente et apporte un élément indéniable de réflexion au débat traditionnel. Pour le reste, les polémiques entretenues par les affairistes  du "zozotérisme"  fait
partie du jeu et il faut les accepter avec sourire et sérénité.

A: Comment avez vous réceptionné le manuscrit?

JMS: Jacques d'Arès a reçu ce texte par courrier électronique.

A: Croyez vous vraiment qu'un adepte, reprendrait la plume et ensuite transmettrait ses écrit par le biais d'Internet, un moyen finalement peu sûr quand à l'origine et aux sources d'émissions, disons facilement repérable?

JMS: Et vous, croyez-vous que Fulcanelli est un Adepte, un groupe d'Adeptes, un alchimiste, un fumiste, une farce littéraire ou un auteur sacré ? Vous savez, dans cette histoire, il y a mille hypothèses et pas une seule certitude. J'ignore qui est Fulcanelli et même s'il est l'auteur des livres qu'on lui attribue. Homère connaît le même sort. Des historiens de tous grades s'étripent joyeusement en public pour défendre soit l'hypothèse d'une oeuvre unique soit l'hypothèse de textes inégaux récoltés par on ne sait qui pour constituer l'Odyssée. Pareil pour Shakespeare. Mais, dans le fond, tout cela est sans intérêt sauf pour les professionnels de la polémique. L'essentiel, c'est l'œuvre et la possibilité pour chacun d'y accéder grâce à son édition.
Pour ma part, en tant qu'éditeur, j'ai été contacté par Jacques d'Arès pour publier un document exceptionnel à plus d'un titre. Jacques pense qu'il y a une filiation avec les deux autres livres. Dont acte. Moi, je reste subjugué par la force de ce texte exceptionnel.
Quant à la transmission par le Net, elle me paraît plus fiable de nos jours qu'un coursier à cheval... Vous savez, Tradition ne signifie pas passéisme. Au contraire. Aujourd'hui, les Compagnons ne fabriquent plus de cathédrale mais travaillent avec la Nasa.

A: Et le livre de Bernard Chauvière que vous publiez en Juin ?

JMS: Il s'inscrit parmi les oeuvres des grands témoins comme Jean Laplace. Bernard est un chercheur honnête, franc et qui désirait ne publier qu'un seul livre mais essentiel. De fait, il n'exprime que des faits qu'il a observés -voire éprouvés-  en son laboratoire. En outre, il a réalisé des planches extraordinaires prouvant  un talent d'artiste remarquable. Je fus donc séduit et je pris la décision de faire entrer son titre dans ma collection.  Il y a tellement de verbeux qui s'expriment sur le sujet
et qui se parent d'obscurs discours alambiqués pour traduire un art qui leur est absolument étranger... Croyez-moi, les livres de Bernard Chauvière et de Jean Laplace vivifient l'Esprit avec bonheur. Et le bonheur, de nos jours, est une denrée rare !

A: Qu'attendez vous de la rencontre de Juin, au centre des mythes et légendes à Carcassonne?


JMS: Que l'Esprit souffle ! Le but des séminaires est de réunir des honnêtes mendiants d'Esprit. A chacun d'écouter, de trier, de choisir. Il ne s'agit pas d'une école de pensée mais d'un lieu de rencontre et de dialogue. Il me parait sain et intéressant d'avoir un opératif qui s'exprime en public pour esquisser sa quête. Je connais Bernard Chauvière et je ne doute pas que sa sincérité plaidera pour l'Alchimie toute entière.