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Naïades. Nymphes des Eaux. Ce nom vient d'un mot grec, qui signifie couler. Les Poètes ont pris cette idée des Philosophes Hermétiques, qui les premiers ont personnifié les matières de leur œuvre, et les opérations requises, avec les couleurs qui se manifestent pendant l'union de la partie fixe avec la volatile. Cette dernière étant une eau mercurielle coulante, ils lui ont donné le nom général de Naïade .

Nanphora. Huile de pierre. Planiscampi .

Napées. Nymphes des Bocages et des Forêts. En Chymie Hermétique, elles sont comme toutes les Nymphes le symbole de l'eau mercurielle.

Naphte ou Bitume. Matière de l'œuvre en putréfaction, ainsi nommée de ce que le bitume est d'un brun-noir, et que la matière des Philosophes en putréfaction, ressemble à de la poix noire.

Naporan. Coquillage de mer qui donne la couleur de pourpre. Les Adeptes ont quelquefois donné ce nom à leur soufre parfait, parce qu'il a cette couleur.

Nar. Feu.

Narbasaphar. Leton ou cuivre; mais il faut l'entendre de l'airain des Sages.

Narcisse. Fleur blanche, en laquelle la Fable dit qu'un jeune homme d'une beauté surprenante, fils du fleuve Céphise, et d'une Nymphe, fut changé. Proserpine fut enlevée par Pluton dans le temps qu'elle cueillait des narcisses.

Voyez ce que tout cela signifie, liv. 4, çh. 3 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Nasse. Fourneau. Nataron. Nitre.

Natron. Espèce de sel alkali fixe, dont les anciens Egyptiens se servaient pour faire du verre, ou pour blanchir et dégraisser les étoffes, et qui en s'unissant à toutes les liqueurs huileuses, lymphatiques, et autres graisses, produit sur les corps les mêmes effets qu'opère sur le cuir la chaux dont on se sert pour les tanner. Les Egyptiens s'en servaient aussi pour embaumer les corps que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de Momies d'Egypte. Après les avoir vidées des intestins et de la cervelle, ils mettaient ces corps pendant 70 jours dans le Natron; et quand ils étaient suffisamment imprégnés de ce sel, on remplissait la tête, la poitrine et le ventre de matières résineuses et bitumineuses. Merc. de France, Janvier 1751.

Nature. L'œil de Dieu. Dieu même, toujours attentif à son ouvrage, est proprement la Nature même, et les lois qu'il a posées pour sa conservation, sont les causes de tout ce qui s'opère dans l'Univers. A ce premier moteur ou principe de génération et d'altération, les anciens Philosophes en joignaient un second corporifié, auquel ils donnaient le nom de Nature; mais c'était une nature secondaire, un serviteur fidèle qui obéit exactement aux ordres de son maître, ou un instrument conduit par la main du souverain Ouvrier, incapable de se tromper. Cette nature ou cause seconde est un esprit universel, vivifiant et fécondant, la lumière créée dans le commencement, et communiquée à toutes les parties du macrocosme. Les Anciens l'ont appelé un esprit igné, un feu invisible, et l'âme du monde.

L'ordre qui règne dans l'Univers n'est qu'une suite développée des lois éternelles. Tous les mouvements des différentes parties de la masse en dépendent. La Nature forme, altère et corrompt sans cesse, et son modérateur présent partout répare continuellement les altérations de son ouvrage.

Le terme de Nature s'entend aussi de la partie de l'Univers que compose le globe terrestre, et tout ce qui lui appartient. Dans ce dernier sens la Nature, selon tous les Physiciens et les Chymistes, est divisée en trois parties, qu'ils appellent règnes; savoir, le règne animal, le végétal, et le minéral. Tous les individus de ce monde sublunaire sont compris dans cette division, et il n'en est aucun qui n'appartienne à un de ces trois règnes. Tous trois partent du même principe, et néanmoins sont composés de trois substances différentes, qui en sont les semences; savoir, le menstrue pour les animaux, l'eau de pluie pour les végétaux, et l'eau mercurielle pour les minéraux. Chaque règne est encore composé d'un assemblage de trois substances, analogues en quelque manière avec celles des autres règnes; c'est-à-dire, d'une substance subtile, ténue, spiritueuse et mercurielle, d'une substance grossière, terrestre et crasse, et d'une troisième moyenne, et qui participe des deux. Il n'est point de corps d'où l'Art ne vienne à bout de séparer ces trois espèces de principes. Outre ces trois substances, on en remarque comme une quatrième, qui peut se rapporter à la première par sa ténuité et sa subtilité; mais qui semble en différer, en ce qu'il est comme impossible à l'Art de la réduire en esprit liquoreux, au lieu que l'autre se condense en eau, tel que l'esprit de vin et les autres liqueurs subtiles, auxquelles l'on donne le nom d'Esprit. Cette matière incondensable, est celle que J. B. Van-Helmont appelle Gaz. C'est celle qui se fait sentir, qui s'évapore dès le commencement de la fermentation des corps. Beccher dit n'avoir pu réussir à condenser ce gaz, qui s'évapore du vin lorsqu'il fermente dans les tonneaux.

Dans ces trois classes d'individus, la semence est différente, et selon le même Auteur, contraire l'une à l'autre à certains égards; quoiqu'elles aient beaucoup d'affinité entre elles, comme sorties d'un même principe, l'une ne peut devenir semence d'un règne différent du sien : de manière que le Créateur ayant une fois séparé ces trois substances du même principe, elles ne sont plus transmuables l'une dans l'autre. Ceux qui scrutent la Nature, y trouvent un caractère trine, qui semble porter l'empreinte du sceau de la Trinité. Les Théologiens verront dans ce caractère des mystères et des choses si surprenantes, qui se font toutes par trois, qu'elles sont bien capables d'affermir notre foi. Les Physiciens habiles et judicieux voient que ce nombre trinaire des trois règnes est bien digne de toute leur attention. L'âge d'un homme, quelque prolongé qu'il soit, n'est pas suffisant pour observer les opérations étonnantes et admirables qui se passent dans les laboratoires de ces trois règnes. Y a-t-il rien de plus incompréhensible que ce qui se passe dans le ténébreux séjour où se conçoit et s'engendre l'homme, d'une substance si vile, si corruptible, d'une manière si simple et si commune, en peu de mois, composé cependant d'une infinité de veines, de nerfs, de membranes, de valvules, de vases, et d'autres organes, dont le moindre ne saurait être imité parfaitement par le plus habile Artiste de l'Univers ? Quoi de plus admirable, que de voir dans une nuit, par une même pluie, dans une même terre, tant de différons végétaux, si divers en couleurs, en odeur, en saveur, en figure, germer et croître et en si grande quantité, qu'il n'est homme au monde qui les ait seulement tous vus, loin d'en avoir connu les propriétés ! Les fossiles n'ont rien de moins admirable, et nous ne sommes pas plus en état d'en expliquer parfaitement la génération, que celle des deux autres règnes. Nous en savons beaucoup, nous en ignorons encore peut-être davantage; mais ce qui nous est connu suffit certainement pour nous faire écrier avec le Roi Prophète : Que vos ouvrages. Seigneur, sont magnifiques! Vous avez. fait tout avec une grande sagesse.

Ces trois règnes ont encore une différence dans leur manière d'être, qui les distingue l'un de l'autre. Les animaux ont un corps, dont les parties ne semblent former qu'un assemblage fait par union; les végétaux par coagulation, et les minéraux par fixation. Ces derniers ne se trouvent que dans les entrailles de la terre, et moitié hors de la terre; les animaux sont tous hors de terre, ou en sont totalement séparés. L'étude de la Nature porte avec elle tant d'agréments, tant de plaisir et tant d'utilité, qu'il est surprenant de voir si peu de gens s'y appliquer.

Quelques Anciens réduisaient tout en combinaison, et admettaient les nombres comme forme de tout ce qui existe, ou comme la loi, suivant laquelle tout se forme dans la Nature. Tycho Brahé a recueilli ses réflexions là-dessus dans une carte extrêmement rare aujourd'hui, à laquelle il a donné pour titre :

Calendarium naturaîe magicum perpetuum, profundissimant rerum secretissimarum contemplationem, totiusque Philosophiœ cogni-tionem complectens. Il y parie de presque toute la Nature qu'il range sous les nombres depuis l'unité jusqu'à douze. Comme la plupart des Lecteurs seront bien aise d'en avoir quelque idée, voici en substance ce qu'elle contient. Tout est combiné et composé dans la Nature, selon certaines mesures invariables formées, pour ainsi dire, sur des nombres qui semblent naître les uns des autres. Il y a plusieurs choses uniques dans le monde qui nous représentent l'unité. Un Dieu principe et fin de toutes choses, et qui n'a point de commencement, de même que dans les nombres rien ne précède l'unité. Il n'aura aussi point de fin, comme l'unité peut s'ajouter à l'unité par une progression infinie.

Il n'y a qu'un Soleil d'où semble procéder la lumière qu'il communique à tout l'Univers, après l'avoir reçue. II n'y a qu'un macrocosme et une âme de l'Univers. Dans le monde intelligible et matériel une seule pierre des Sages, et dans le microcosme un cœur, source de la vie, d'où la lumière vitale se communique à toutes les autres parties du corps.

L'unité est donc la source de l'amitié, de la concorde et de l'union des choses, comme elle est le principe de leur extension; parce qu'une unité répétée produit deux. Ce nombre deux est le principe de la génération des choses, composées de deux; savoir, de la forme et de la matière, du mâle et de la femelle, de l'agent et du patient; c'est pourquoi ce nombre est celui du mariage et du microcosme, et signifie la matière procréée. La forme, le mâle et l'agent sont la même chose. Le soleil, la terre, le cœur, la forme, et ce que les Astrologues appellent Tête de Dragon, sont regardés comme mâle. La lune, l'eau, le cerveau, la matière et la queue du dragon sont la femelle; les premiers représentés par Adam, les seconds par Eve. Aussi Dieu n'a-t-il créé qu'un mâle et une femelle; et rien dans l'Univers ne s'engendre sans le concours de l'un avec l'autre. Ce qui nous est représenté par les deux Chérubins qui couvraient l'arche de leurs ailes, et par les deux tables de la loi données à Moïse, qui y étaient renfermées.

L'unité ajoutée au nombre deux fait trois, nombre sacré, très puissant et parfait; et la seconde division de la Nature et de son principe Dieu en trois personnes, Père, Fils, et Saint-Esprit. Le Fils est engendré du Père, et le Saint-Esprit procède des deux. Aussi le Créateur semble avoir voulu se manifester à nous dans tout le livre de la Nature; comme il en était le commencement, il semble avoir formé l'homme de toute quintessence des choses, pour être le spectateur de l'Univers, et y reconnaître son Auteur. Tout aussi dans la Nature est composé de trois et divisé par trois : trois personnes en Dieu, trois hiérarchies des Anges, la suprême, la moyenne et la basse, qui multipliée par elle-même forme neuf, dont nous parlerons ci-après. Il y a trois sortes d'âmes dans l'Univers : l'intelligente, la sensitive et la végétative. Ces trois âmes se trouvent dans l'homme, la sensitive et la végétative dans les animaux, et la végétative seule dans les plantes.

Il y a eu trois sortes de temps écoulés ou qui s'écoulent depuis la création : le temps de la Nature, appelé la loi de la Nature; le temps de la loi, ou la loi de Moise, et le temps de la grâce, ou la loi de grâce.

Trois vertus Théologales : la foi, l'espérance et la charité.

Trois puissances intellectives dans le microcosme : la mémoire, l'esprit et la volonté. Trois règnes dans la Nature : le minéral, le végétal et l'animal, dans lequel l'homme ne doit point être compris en particulier, parce qu'il est composé de la quintessence des trois. Trois sortes d'éléments : les purs, les composés et les décomposés.

Trois principes matériels de tous les mixtes : soufre, sel et mercure.

Trois qualités de ces principes : le volatil, le fixe, et un troisième qui participe des deux. Trois divisions de la journée selon la création : le jour, la nuit et le crépuscule.

Trois mesures des choses : le commencement, le milieu et la fin.

Trois mesures du temps : le passé, le présent et le futur.

Trois dimensions dans les corps : la longueur, la largeur, et la hauteur.

Trois principes de l'homme : l'âme, l'esprit et le corps.

Trois parties dans le corps du microcosme, correspondant à autant de parties du macrocosme : la tête, la poitrine et le ventre. La tête au ciel, la poitrine au firmament ou à l'air, le ventre à la terre.

Trois éléments principaux : le feu, l'air et l'eau.

Un esprit un peu éclairé et instruit de la Nature, verra sans peine que toutes ces choses divisées en trois ne font cependant qu'une et même chose; comme les trois personnes ne font qu'un Dieu. Le temps passé, le présent et le futur ne font qu'un et même temps; la hauteur, la largeur et la longueur d'un corps, ne font qu'un corps. L'âme, l'esprit et le corps ne composent qu'un homme; toutes ces choses sont néanmoins très distinctes entre elles, et nous en concevons la différence, aussi bien que la réunion pour en faire l'unité; pourquoi douterait-on de l'existence d'un Dieu en trois personnes ? Une unité ajoutée à trois produit quatre, qui devient, selon Tycho Brahé et plusieurs autres, le fondement de tous les nombres, la fontaine de nature, comme renfermant le nombre parfait dont tout a été créé. C'est pourquoi l'on partage l'Univers en quatre éléments, le feu, l'air, l'eau et la terre, aux trois premiers desquels répondent deux planètes à chacun; savoir, le Soleil et Mars au feu, Jupiter et Vénus à l'air, Saturne et Mercure à l'eau; et la Terre a en partage le Soleil, la Lune et les Etoiles fixes.

On compte aussi quatre points cardinaux dans le monde : l'Orient, l'Occident, le Midi et le Septentrion.

Quatre vents : Eurus, Zéphyrus, Aquilo et Auster.

Quatre qualités des éléments : la lumière du feu, le diaphane de Pair, la mobilité de l'eau, et la solidité de la terre.

Quatre principes de l'homme correspondants aux quatre éléments : l'âme au feu, l'esprit à l'air, l'âme animale à l'eau, et le corps à la terre.

Quatre humeurs principales dans le corps du petit monde : la bile, le sang, la pituite et la mélancolie.

Quatre facultés de son âme : l'intellect, la raison, l'imagination et le sentiment.

Quatre degrés progressifs : être, vivre, apprendre et comprendre.

Quatre mouvements dans la Nature : l'ascendant, ou du centre à la circonférence; le descendant, ou de la circonférence au centre; le progressif ou horizontal, et le circulaire.

Quatre termes de la Nature : la substance, la qualité, la quantité et le mouvement.

Quatre termes mathématiques : le point, la ligne, la superficie, et la profondeur ou la masse.

Quatre termes physiques : la vertu séminative ou semence des corps; leur génération; leur accroissement et leur perfection.

Quatre termes métaphysiques : l'être ou l'existence; l'essence; la vertu ou le pouvoir d'agir, et l'action.

Quatre vertus morales : la prudence, la justice, la tempérance et la force.

Quatre complexions ou tempéraments : la vivacité, la gaieté, la nonchalance et la lenteur.

Quatre saisons : l'hiver, le printemps, l'été et l'automne.

Quatre Evangélistes : S. Marc, S. Jean, S. Matthieu et S. Luc.

Quatre animaux sacrés : le lion, l'aigle, l'homme et le bœuf.

Quatre sortes de mixtes : les animaux, les plantes, les métaux et les pierres.

Quatre sortes d'animaux : ceux qui marchent; ceux qui volent; ceux qui nagent, et ceux qui rampent.

Quatre qualités physiques des corps : chaud, humide, froid et sec. Correspondances des métaux aux éléments : l'or et le fer au feu; le cuivre et l'étain à l'air; l'argent vif à l'eau; le plomb et l'argent à la terre.

Quatre sortes de pierres qui leur répondent : les pierres précieuses et éclatantes, comme le diamant, le rubis, etc.; les pierres légères et transparentes, comme le talc; les pierres dures

et claires, comme le caillou; les pierres opaques et pesantes, comme le marbre, etc. Des douze signes, trois répondent à chaque élément : le Bélier, le Lion et le Sagittaire au feu; les Gémeaux, la Balance et le Verseau à l'air; le Cancer, le Scorpion et les Poissons à l'eau; le Taureau, la Vierge et le Capricorne à la terre.

Le nombre cinq est consacré à Mercure, dit Tycho Brahé, et n'est pas moins mystérieux que ceux qui le précèdent. On y voit l'eau, l'air, le feu et la terre dont est composé tout mixte qui fait un cinquième tout abrégé des quatre. Cinq sens : la vue, l'ouïe, l'odorat, le goût et le toucher.

Cinq genres de mixtes : les pierres, les métaux, les plantes, les zoophytes et les animaux.

Cinq sortes d'animaux : les hommes, les quadrupèdes, les reptiles, les poissons et les oiseaux.

Cinq extrémités communes aux animaux mâles et femelles : la tête, les deux bras et les deux pieds.

Cinq doigts à chaque pied et à chaque main de l'homme.

Cinq parties principales dans l'intérieur du corps : le cœur, le cerveau, le poumon, le foie et la rate.

Cinq parties dans les plantes : la racine, la tige, les feuilles, la fleur et la semence. La Nature a comme reçu sa dernière perfection par le nombre six; car le monde a été achevé le sixième jour de la création, et ce jour-là Dieu regarda tout ce qu'il avait fait, et tout était parfaitement bon.

Il y a six cercles imaginés dans le ciel : l'artique, l'antarctique, les deux tropiques, l'équinoxial et l'écliptique.

Six planètes errantes : Saturne, Jupiter, Mars, Vénus, Mercure et la Lune.

Il y a six manières d'êtres ou modes des corps : la grandeur, la couleur, la figure, la position relative, le repos et le mouvement. Le cube a six faces.

Six degrés de l'homme : l'entendement, la mémoire, le sentiment, le mouvement, la vie et l'animalité.

Six parties principales extérieures dans la tête de l'homme et des autres animaux : deux yeux, deux oreilles, le nez et la bouche. Mais la Nature semble se plaire au nombre sept plus qu'en tout autre, et les Pythagoriciens qui le regardaient comme le nombre le plus mystérieux, l'appelaient en conséquence la voiture de la vie humaine. La vertu de ce nombre, disaient-ils, se manifeste dans toutes les générations de la Nature, et sert particulièrement pour la génération de la nature humaine. Elle sert à le composer, à le faire concevoir, à le former, à l'enfanter, à le nourrir et à le faire vivre. Aristote dit qu'il y a sept cellules dans la matrice; si la semence y demeure sept heures, la conception se fait; les premiers sept jours, elle devient propre à recevoir la figure humaine; l'enfant est parfait, naît et vit quand il vient au monde à sept mois; après sept jours il jette le superflu de son nombril; après deux fois sept jours ses yeux se tournent du côté de la lumière; c'est pourquoi les nourrices doivent avoir grand soin de placer toujours l'enfant de manière qu'il puisse voir la lumière directement, ce défaut d'attention fait beaucoup d'enfants louches; après sept mois les dents commencent à lui pousser; après le troisième septénaire il commence à parler; à sept ans les dents lui tombent; au second septénaire d'années il commence à

avoir la faculté générative; au troisième septénaire il se fortifie, et prend à peu près tout son accroissement; au quatrième il est homme parfait; au septième il commence à décliner, et la septième dizaine est ordinairement à peu près le terme de sa vie, comme le dit le Roi David.

La plus haute taille de l'homme est communément de sept pieds.

Dans le grand monde il y a sept planètes, sept pléiades, sept jours de la semaine. A chaque sept jours la Lune change de quartier.

Le flux et reflux de mer est plus sensible le septième jour de la Lune, et à chaque septénaire. On ne finirait pas si l'on voulait rapporter ici tout ce qui se fait par sept dans la Nature. On peut voir dans l'Ecriture Sainte combien ce nombre de sept était mystérieux. Tout semblait y aller par sept : les prières, les fêtes, les purifications, etc.; sept vaches maigres et sept grasses, sept épis de bled, sept plaies de l'Egypte, sept ans de famine; Naaman lavé sept fois dans le Jourdain; David loue sept fois Dieu dans la journée; sept dons du Saint-Esprit, etc. Le reste de la Carte de Tycho Brahé regarde plus particulièrement les planètes et les signes du Zodiaque, avec leurs vertus et propriétés cabalistiques; c'est pourquoi je le passe sous silence.

NATURE FUYANTE . Matière volatile qui n'est point permanente au feu, tel qu'est le mercure commun. Il faut se donner de garde de toutes ces matières métalliques de nature fuyante, parce qu'elles ne sont point propres au magistère.

Les Philosophes recommandent partout de ne faire entrer dans la composition de la pierre que des choses de même nature; parce que nature s'éjouit en sa propre nature, nature amende nature, nature perfectionne nature, nature contient nature, et nature est contenue par nature, comme le dit Parmenides dans le Code de Vérité. La raison de cela est que les principes de la matière du magistère sont les mêmes que ceux des métaux, et que n'étant pas encore animés de l'âme proprement métallique, ils ont cependant la faculté de se réunir ensemble dans le mélange qu'on en fait. Qu'on ne s'imagine donc pas réussir à faire l'œuvre, en prenant, pour matière du magistère, des plantes, ou des sels des végétaux, des cheveux, du sang humain, de l'urine, ou toute autre chose prise de l'homme ou des animaux, le nitre, le vitriol, les attramens, le sel commun ou tout autre sel; antimoine, bismuth, zinc, orpiment, arsenic, soufre, et quelque espèce que ce puisse être des minéraux, excepté un seul, dit Philalèthe, qui est leur premier être.

Il ne faut donc point prendre à cet effet le mercure vulgaire, ni les mercures extraits des métaux, ni les métaux seuls, quoiqu'ils soient tous de même nature. Les Souffleurs doivent faire attention que Morien les avertit, que tout ce qui s'achète cher est inutile, et ne vaut rien pour l'œuvre; que si l'on ne trouve pas la matière du magistère vile, méprisée, jetée, même quelquefois sur les fumiers, et foulée aux pieds dans les endroits où elle est, en vain mettra-t-on la main à la bourse pour l'acquérir, puisqu'on peut l'amasser soi-même sur les montagnes, dans les plaines, et dans tous les pays; qu'elle ne coûte rien que la peine de la chercher et de la ramasser; que la bénigne Nature la forme toute disposée à l'œuvre, et que l'ingénieux Artiste n'a qu'à aider la Nature, pour qu'elle lui donne cette eau céleste et divine, ce mercure des Sages si recherché de tant de gens, et trouvé de si peu de personnes. Que le studieux amateur de la Science Hermétique se grave bien profondément dans l'esprit qu'il doit imiter la Nature; se servir des mêmes principes et des mêmes voies, pour parvenir au même but, qu'elle n'emploie pas des animaux pour faire une plante, mais la semence de cette même plante, ou une plante pour faire un métal, ni du métal pour faire un animal; mais les semences de chaque chose pour faire chaque chose. Qu'il apprenne à connaître la Nature, et ne se trompe pas en prenant pour végétal ce qui est minéral, ou pour minéral ce qui est animal. Pour avoir cette connaissance, c'est à Dieu ou à un Philosophe qu'il faut recourir. Il faut prier avec instance et droiture de cœur, avec humilité et persévérance; et Dieu si bon, si miséricordieux refusera-t-il à l'homme, qui est son image, ce principe de santé et de richesses, lui qui accorde la nourriture aux petits des corbeaux qui l'invoquent ?

Lorsque les Philosophes disent qu'il faut changer les natures, ce n'est pas de faire passer les mixtes d'un règne dans la nature d'un autre règne, comme serait un végétal dans la nature métallique; mais de spiritualiser les corps; et corporifier les esprits, c'est-à-dire, fixer le volatil, et volatiliser le fixe : ce qu'ils appellent aussi mettre le dessous dessus, et le dessus dessous; réduire la terre en eau, et l'eau en terre.

Nature se joint par nature; nature contient nature; nature s'éjouit en nature; nature amende nature; nature aime nature; nature surmonte nature; nature retient nature, sont des façons de parler des Philosophes, pour signifier que le dissolvant philosophique doit être de même nature que le corps qui doit être dissous, que l'un perfectionne l'autre dans le cours des opérations, et l'union des deux se fait d'abord par la putréfaction, et ensuite par la fixation. Le mercure dissout le fixe qui est de même nature, puisqu'il en a été fait; le soufre ou le fixe, fixe ensuite le mercure, et en fait la poudre de projection.

C'est pourquoi les Chymistes Hermétiques disent que les natures diverses ne s'amendent point; c'est-à-dire, ne sont pas capables de se perfectionner, parce qu'elles ne peuvent s'unir parfaitement. Ainsi les sucs de la plante appelée lunaire, ni quelqu'autre suc de plante que ce puisse être, ne valent rien pour l'œuvre métallique. Le mercure prétendu fixé par leur moyen, est une supercherie toute pure.

Naufrage. (Sc. Herm.) Les Philosophes Hermétiques appellent ainsi les erreurs des Chymistes dans la recherche de la pierre des Sages, parce qu'ils appellent leur mercure mer; et que ce mercure et ses propriétés sont absolument inconnus aux Chymistes souffleurs.

Navire Argo (le). Vaisseau que montèrent les Argonautes pour la conquête de la Toison d'or. Voyez le liv. 2, ch. 1 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Naxos. Ile dans laquelle Bacchus trouva Ariadne, après que Thésée l'y eut abandonnée. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 5, ch. 22.

Nebulgea. Espèce de sel qu'on trouve coagulé sur les cailloux et les pierres.

Nécrocomicum. Terme que Paracelse a inventé pour signifier l'âme animale de l'homme. Il dit qu'elle habite dans l'eau qui est autour du cœur, et qu'elle n'est pas plus grosse que le petit doigt de la main d'un homme. Il ajoute qu'il y a trois vies ou trois essences dans l'homme, qui toutes trois peuvent être appelées Esprit; savoir, l'esprit du ciel, ou l'air; l'esprit du microcosme, qui est proprement l'âme animale; et l'esprit de tous les muscles. C'est ce qui l'a engagé à comprendre toutes ces vies ou esprits sous le nom de Nécrocomicum.

Nécrole. Necroleus. Celui qui des premiers a écrit savamment d'une chose. Paracelse dit que Moyse a été un des Nécroles de la Philosophie des Adeptes. Nostra in Adepta Philosophia Necroleus, et Antesignanus Moyses foetus est. Paracelse, de Azoth.

Necrolium. Remède souverain pour conserver la santé. Raymond Lulle l'appelait son nigrum, etc. Planiscampi.

Nectar. Boisson des Dieux. C'est la médecine des Philosophes. Le nectar a pris son nom de

neoV , juvenis, et claomai possideo; comme si l'on disait, boisson qui conserve la jeunesse. Les Philosophes Hermétiques attribuent la même propriété à leur médecine. Dans le cours des opérations de l'œuvre, ils donnent le nom de Nectar à leur mercure ou azoth, parce qu'il abreuve la matière qui reste dans le fond du vase, qu'ils ont appelée Saturne, Jupiter, Vénus, etc.

Neige. Les Alchymistes expliquent de l'huile d'or, ou soufre de la pierre, cette neige dont parle Pindare, quand il dit, que le Roi des Dieux répandit dans la ville de Rhodes une grande quantité de neige dorée, faite par l'art de Vulcain. Ol. Borrichius.

NEIGE (Sc. Herm.) Magistère au blanc, parce qu'il se précipite alors une poudre blanche comme la neige. Et lorsqu'ils disent qu'il faut cuire la neige, c'est-à-dire, qu'il faut continuer la digestion et la circulation du compost.

Neith. Nom de la Minerve Egyptienne.

Nelée. Fils de Neptune et de Tyro, . fille de Salmonée, eut de Chloris, fille d'Amphion, douze fils, qu'Hercule tua, .excepté Nestor. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées.

Némée. Dans la forêt de Némée il y avait un lion furieux qui ravageait tout, Hercule le tua.

Voyez FORET .

Néméens (Jeux). Voyez JEU .

Neogala. Lait nouveau.

Néoptoleme. Surnom donné à Pyrrhus, fils d'Achille. V. PYRRHUS .

Népenthes. Remède dont Homère dit qu'Hélène faisait usage, et dont on lui avait fait présent en Egypte. Ce remède guérissait toutes sortes de maladies, et conservait toujours la joie et la satisfaction dans le cœur de ceux qui en faisaient usage. Il faut l'interpréter de la panacée universelle des Philosophes Hermétiques. Elle est le seul re-mède qui puisse produire cet effet, parce qu'il donne la santé et les richesses, et procure une longue vie pour en jouir. Théodore Swinger a donné le nom de Népenthes à une opiate dont la base est le laudanum; cette opiate, dit Blanchard, a des effets admirables quand on la donne contre les vapeurs et la mélancolie. Elle délivre de toute langueur et tristesse, et donne de la joie et de la gaieté.

Nephelœ. Ce nom se donne aux petites taches blanches et légères qui surviennent sur l'œil et sur les ongles. On appelle aussi Nephelœ ces petites nuées qui nagent dans l'urine.

Néphelé. Femme d'Athamas, lui donna deux enfants, Phrixus et Hellé. Athamas la répudia, pour épouser Ino, fille de Cadmus, de laquelle il eut Léarque et Mélicerte. Ino indisposa l'esprit de son époux contre sa rivale et ses enfans. Phrixus et Hellé se sauvèrent pour se soustraire aux emportements d'Athamas. Ils montèrent sur un bélier à toison d'or, et voulurent ainsi traverser la mer pour se retirer à Colchos. Hellé tomba dans la mer et y périt, Phrixus arriva à bon port. Néphelé fut ensuite métamorphosée en nuée, c'est ce que signifie son nom. Voyez l'explication de ces fables, dans le chap. 9, du liv. 4 des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Nephté. L'une des femmes de Typhon. Voyez TYPHON .

Nepsu. Etain.

Neptune. Fils de Saturne et d'Ops, frère de Jupiter et de Pluton. Ces trois frères, après avoir chassé leur père du Ciel, partagèrent entre eux l'Empire de l'Univers. Jupiter eut le Ciel, Neptune les Eaux, et Pluton la Terre ou les Enfers. Neptune épousa Amphitrite, et eut beaucoup d'enfants de plusieurs Nymphes qu'il séduisit en se transformant de toutes sortes de manières.

Jupiter le chassa du Ciel avec Apollon, parce qu'ils avaient conspire contre lui. Ils se retirèrent auprès de Laomédon, et bâtirent la ville de Troye. Laomédon n'ayant pas donné à Neptune le salaire dont ils étaient convenus, ce Dieu s'en vengea en inondant tout le pays. On consulta l'Oracle pour apprendre les moyens de faire cesser ce fléau; il répondit que Neptune ne serait point apaisé, qu'on n'eût exposé la fille de Laomedon pour être dévorée par un monstre marin; ce qui fut fait. Hésione fut exposée, Hercule tua le monstre et la délivra.

Neptune eut un différend avec Minerve, à qui donnerait le nom à la ville d'Athènes. On convint que celui des deux qui procurerait aux hommes la chose la plus utile, aurait la préférence. Neptune frappa la terre, il en sortit un cheval, Minerve la frappa aussi, on vit pousser un olivier avec ses fleurs et ses fruits; l'Aréopage la déclara victorieuse. Les Tritons et les autres Dieux marins accompagnaient toujours Neptune, qui était porté sur un char fait d'une conque marine, et attelé de chevaux noirs. Neptune fut regardé par les anciens comme l'auteur de tous les tremblements de terre. Voyez le reste des Fables qu'on a inventées à son sujet et leur explication, dans les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 7.

Nérée. Fils de l'Océan et de Thétis, selon quelques-uns; selon d'autres, fils de la Terre et de la Mer : il épousa sa sœur Doris dont il eut un grand nombre de filles, appelées de son nom Néréides. Elles passaient tout leur temps à danser et à folâtrer autour du char de Triton. Les Nymphes de Jupiter et de Thémis envoyèrent Hercule à Nérée pour être instruit de ce qu'il aurait à faire pour enlever sûrement les pommes d'or du jardin des Hespérides. Ce n'est pas sans raison qu'Hercule va consulter Nérée, puisque celui-ci étant fils de la Terre et de l'Eau, est le symbole de la matière du Grand Œuvre, sans la connaissance de laquelle il n'est pas possible de réussir. C'est dans le même sens, selon les vrais Chymistes, qu'il faut interpréter les prédictions des calamités de Troye, que le même Nérée fit à Paris. Orphée dit que Nérée était le plus ancien des. Dieux, parce que la matière de la pierre est la substance dont tout est composé sur la terre. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 2, ch. 2 et part. 1, p. 508, 523.

Néréides. Nymphes de la mer. Voyez. NÉRÉE.

Nerion. En grec Rhododaphné, en français

Laurier-rose.

Nessus. Centaure, fils d'Ixion et d'une nuée, voulut faire violence à Déjanire, qu'Hercule lui avait confiée pour lui faire traverser le fleuve Evene. Hercule s'en apperçut, de l'autre bord lui décocha une flèche dont Nessus mourut. Se sentant blessé à mort, il donna à Déjanire sa tunique teinte de son sang, en lui faisant entendre que cette tunique aurait la vertu d'empêcher Hercule d'en aimer d'autres qu'elle, s'il la vêtissait seulement une fois, et qu'elle augmenterait même les feux dont il brûlait pour elle. Déjanire la prit, engagea Hercule à la vêtir, et ce Héros se sentit saisir d'un feu qui le dévorait. Voyez DEJANIRE , et les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 5, ch. 19.

Nestor. Fils de Nélée et de Chloris, fut un des Héros Grecs qui firent le siège de Troye. II s'était trouvé, avant cette guerre, aux noces de Pyrithous. où il combattit courageusement contre les Centaures. Agamemnon ne demandait que dix Nestors pour venir à bout du siège de Troye. Nestor vécut jusqu'à un âge si avancé, que quand on souhaite une longue vie à quelqu'un, on lui désiré les années de Nestor. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dé-voilées, liv. 6.

Nestudar. Sel armoniac.

Nettoyer. Voyez LAVER , BLANCHIR .

NETTOYER L'ÉTABLE D'AUGIAS, c'est purifier la matière de les impuretés terrestres et aqueuses. Voyez AUGIAS .

Neveu. Grande cuve de cuivre. Neusi. Magistère au rouge. Nentha. Amnios.

Nid du Poulet. Mercure des Sages. C'est aussi quelquefois le vase qui contient la matière, ou le vaisseau triple que Flamel appelle l'Habitacle du poulet.

Nil. Le fleuve du Nil fut mis au rang des grands Dieux de l'Egypte, sans doute, disent quelques Mythologues, à cause des grands avantages qu'il procurait à ce pays par ses débordements. On lui donne aussi le nom Océan. Le but des cérémonies religieuses et du culte que les Egyptiens rendaient à ce fleuve, était d'apprendre au peuple que l'eau est le principe de toutes choses, et qu'avec le feu qui lui donne sa fluidité, et qui l'entretient, elle avait donné la vie et le mouvement à tout ce qui existe. L'eau du Nil fécondait non seulement les champs, qui sans lui seraient devenus stériles et déserts; mais il procurait encore cette fécondité aux femmes et aux animaux. Il n'est pas rare de voir dans ce pays-là des brebis qui ont porté des deux ou trois agneaux à la fois, des chèvres qui allaitent trois ou quatre cabris, ainsi des autres. Les fêtes qu'on célébrait en l'honneur du Nil étaient des plus célèbres. Les anciens Rois d'Egypte y assistaient accompagnés de leurs Ministres, de tous les Grands du Royaume, et d'une foule innombrable de peuple. Les Indiens rendaient de grands respects au Gange, dont les eaux, auxquelles ils attribuaient de grandes vertus, passaient parmi eux pour saintes et sacrées. Le culte rendu à l'eau en Egypte et dans la Perse se répandit dans tout l'Orient, et même dans les pays du Nord. Vossius assure la même chose des anciens Germains et de quelques autres peuples, comme on peut le voir dans son savant Traité de l'origine et du progrès de l'Idolâtrie. On sait que les Grecs ne furent pas moins attentifs à révérer l'Océan, les fleuves et les eaux. Ils n'entreprenaient aucun voyage par eau, qu'ils ne fissent auparavant quelques libations et des sacrifices aux Divinités marines. Maxime de Tyr rapporte quelques raisons qui purent engager différons peuples à honorer les fleuves qui arrosaient leur pays : les uns pour leur utilité, les autres pour leur beauté; ceux- ci pour leur vaste étendue, ceux-là, par quelque tradition fabuleuse, telle que celle du combat d'Hercule avec le fleuve Achéloûs. Mais si Maxime de Tyr avait pu pénétrer dans les idées des premiers Philosophes, il aurait deviné l'objet de ces fables. Il aurait vu que ces Maîtres de la Philosophie pensaient que l'eau avait été la première matière de tout, et qu'animée du feu de la lumière, elle répand cet esprit dans tous les êtres. Voilà la raison physique qui a fait inventer les fables. Venant ensuite au particulier de la Philosophie Hermétique, l'eau est la base de l'œuvre, le principe et l'agent. Par son feu et son action sur le corps parfait, qu'elle réduit à son premier principe, elle a fourni la matière à ce grand nombre de fables qu'on trouve expliquées dans le Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Niobé. Fille de Tantale et d'Euryanasse, fut mariée à Amphion, qui bâtit une Ville au son de sa lyre. Niobé en eut six garçons et six filles. Fiere de sa fécondité, elle insulta Latone, qui, pour se venger, engagea Apollon et Diane à faire périr les enfants de cette téméraire. Ce Dieu et cette Déesse les tuèrent à coups de flèches. Le chagrin qu'en eut Niobé toucha les Dieux, qui la changèrent en rocher. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dé-voilées, liv. 3, chap. 12.

Nisa. Ville bâtie par Bacchus dans son expédition des Indes, en mémoire de l'île du même nom, où il fut nourri et élevé par les Nymphes. La description des beautés de cette île est très conforme à celle que le Cosmopolite fait de l'isie qu'il feint avoir vu en songe. Voyez les Fables Egypt. et Grecq. dévoilées, liv. 3, chap. 14, § 2. Voyez NYSA .

Nitre. Il y en a de plusieurs sortes; le naturel et l'artificiel. Le premier se trouve attaché sur la surface des murailles, ou sur les rochers. Le second se tire par lixiviation des terres et des décombres! des murailles. Celui d'Alexandrie est un peu coloré de rouge faible. L'ancien nitre des Egyptiens nous est comme inconnu. Plusieurs Chymistes ont prétendu que l'eau mère du nitre, ou cette eau rougeâtre qui reste après la cristallisation du nitre, était la première eau Stygienne des Philosophes. Ils ont en conséquence appelé le nitre Cerbère, Sel infernal, Mercure; ils ont même prétendu que cette eau mère filtrée, évaporée, coagulée, ensuite dissoute à l'air, évaporée, coagulée et dissoute de nouveau bien des fois, devenait l'aimant du Cosmopolite, d'où l'on devait extraire le mercure Hermétique dissolvant de l'or. Mais ils auraient dû faire attention que cet Auteur, en parlant du nitre, ne parie pas du commun, mais du philosophique. C'est pourquoi il dit toujours notre nitre. L'eau mère du nitre est la matière dont on fait la fameuse poudre de Santinelli. On fait évaporer toute l'humidité de cette eau après l'avoir mise dans une chaudière de fer, sur un feu clair. Quand la matière est devenue comme une pierre grisâtre sans être brûlée, on la laisse refroidir, on la met en morceaux dans de grandes terrines de grès, avec beaucoup d'eau, où elle se dissout; on retire cette première eau sans troubler les fèces, on remet une seconde eau, et ainsi de suite plusieurs fois jusqu'à ce que l'eau n'ait plus la saveur de sel marin ni nitreux. On décante l'eau, et on fait sécher les fèces qui semblent de l'amidon. On met ces fèces en poudre pour l'usage. Cette poudre a des vertus admirables pour désobstruer et pour purifier le sang. Quelques-uns ont appelé les cendres gravelées nitre d'Alexandrie. Rullandus. Blanchard dit qu'on a donné au nitre les noms Bau-rach, Algali, sel Anderone, Anatrm, Cabalatar, et que Basile Valentin l'indiquait par celui de Serpent de terre,

Serpens terrenus.

Nitriales. Toutes pierres calcaires.

Nitron. Ecume de verre. Rullandus.

Noas. Terme Arabe que quelques-uns ont employé pour celui de cuivre. Rulland.

Noces. Réunion du fixe et du volatil dans l'œuvre du magistère et de l'élixir. Ces noces se font plus d'une fois avant de parvenir au point parfait de la poudre de projection. Les Philosophes les ont désignées sous les fables des noces de Pelée et de Thétis, sous celles de Pyrithoiis, etc. Voyez leurs articles.

Nochat. Cuivre.

Noera. Chapiteau d'un alambic. Rulland.

Noir plus noir que le Noir même.

C'est la matière de l'œuvre en putréfaction; parce qu'alors elle ressemble à la poix fondue. Il ne se dit guère que de la seconde opération, où le fixe est dissous par l'action du volatil. Dans les Fables le noir indique toujours cette putréfaction, de même que le deuil, la tristesse, souvent la mort. Thétis allant implorer la protection de Jupiter pour Achille, se présenta à ce Dieu en habit d'un noir plus noir que le noir même, dit Homère. Lorsque Iris fut la trouver de la part de Jupiter, pour qu'elle déterminât son fils Achille à rendre à Priam le corps d'Hector, Iris la trouva habillée de noir dans le fond de sa caverne marine. Cette putréfaction est toujours indiquée par quelque chose de noir dans les ouvrages des Philosophes. C'est tantôt la tête de corbeau, la veste ténébreuse, le merle de Jean, les ténèbres; tantôt la nuit, l'éclipsé du Soleil et de la Lune, l'horreur du tombeau, l'enfer et la mort. Ils nomment encore la couleur noire qui survient à la matière, leur plomb, leur Saturne, leur airain qu'il faut blanchir, la tête de More. Ils s'accordent tous à dire que la

noirceur se manifeste vers le quarantième jour de la cuisson. Ils l'appellent aussi la clef de l'œuvre, et le premier signe démonstratif, parce que, dit Flamel, si tu ne noircis pas, tu ne blanchiras pas; si tu ne vois pas en premier lieu cette noirceur avant toute autre couleur déterminée, sache que tu as failli en l'œuvre, et qu'il te faut recommencer.

Noirceur de la Nuit. V. NOIR . NUIT .

Noircir. Cuire la matière, pour la faire dissoudre et putréfier. Voy. le Traité Hermétique dans la première partie des Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées.

Nom. (Sc. Herm.) Rien, dit Morien, n'a tant induit en erreur ceux qui étudient les livres des Philosophes chymiques, que la multitude des noms qu'ils ont donnés à leur matière, et à l'unique opération que l'on doit faire pour parvenir au magistère. Mais que l'on sache que la matière étant unique n'a qu'un seul nom propre dans chaque langue. Les différentes couleurs qui surviennent à cette matière, lui ont fait donner tous les noms des matières qui sont ainsi colorées. Par exemple, lorsqu'elle est au noir, les Philosophes l'ont appelée encre, boue, tête de corbeau, et de tous les noms des choses noires. Quand elle est parvenue au blanc, ils l'ont nommée eau purifiée, neige, cygne, etc. Après le blanc vient la couleur citrine; alors les Philosophes disent notre huile, notre air, et de tous les noms des choses spiritueuses, volatiles, comme ils l'avaient appelée eau de sel, alun, etc. lorsqu'elle était au blanc. Quand elle est parvenue au rouge, ils la nomment ciel, soufre rouge, or, escarboucle, rubis, et enfin du nom de toutes les choses rouges, tant des pierres

que des plantes, et des animaux. Quant aux noms des opérations, on les trouve expliquées dans les articles qui les concernent. Qu'on sache seulement que la sublimation philosophique n'est qu'une purification de la matière par elle-même, ou une dissolution des corps en mercure.

Nombril de la Terre. Les anciens Grecs donnèrent ce nom à l'île de Délos, parce qu'ils disaient qu'elle était le milieu de la Terre. Ils le prouvaient par la Fable, qui dit que Jupiter fit partir deux aigles, l'une à l'Orient, l'autre à l'Occident, et qu'elles se rencontrèrent dans l'île de Délos, après avoir volé sans relâche toujours directement, et avec la même vitesse. Voy. les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 4 et 12.

Nomius. Surnom de Mercure.

Nonius. Nom d'un des chevaux qui traînait le char de Pluton. V. ABASTER .

Nora. Chaux, nitre et tout sel. Rulland.

Nostoch. Espèce d'épongé terrestre, couverte d'une pellicule assez forte; elle vient de la grosseur des éponges femelles, quelquefois grosse comme la tête d'un homme. On la trouve dans les prairies au mois de juin, juillet et août. Elle est légère, rousse, trouée en dedans comme l'éponge. Lorsqu'elle est sur pied et encore fraîche, elle fait un trémoussement, quand on la remue, à peu près comme du flan ou de la gelée de viande. Quelques-uns l'ont appelé jet d'étoiles. Rulland. C'est une espèce de vesse-de-loup.

Notua. Le vent Notus était fils des Dieux, comme Borée et le Zéphyre; les autres étaient enfants de Typhon, suivant Hésiode. Basile Valentin dit que le vent Notus et un autre se font sentir dans l'œuvre, et qu'ils soufflent très fort : comme le vent Notus ou de Midi est humide et pluvieux, on a feint qu'il s'élevait dans le vase dans le temps de la volatilisation de la matière qui s'élève en vapeurs, et retombe en espèce de pluie, qui fertilise la terre philosophique; et comme ce vent des Philosophes est formé par cette matière, qui est le principe des Dieux de la Fable, il se trouve par-là enfant des Dieux, mais des Dieux Hermétiques.

Nourrice. Les Philosophes appellent ainsi la minière, ou matière de laquelle ils tirent leur mercure et leur soufre; ce qui doit s'entendre avant la première préparation, et pendant la seconde. Michel Majer a représenté l'enfant philosophique par un emblème, où l'on voit une femme ayant un globe terrestre au milieu de la poitrine; de ce globe sortent deux mamelles, auxquelles sont attachées les lèvres d'un enfant qui les suce, soutenu par les bras de la femme; au des sous sont écrits ces mots, tirés de la Table d'Emeraude d'Hermès : nutrix ejus est Terra; la Terre est sa nourrice. Mais quand il s'agit des nourrices des Dieux, ordinairement elles sont désignées par les parties volatiles, ou l'eau mercurielle des Philosophes, comme on peut le voir dans mon Traité des Fables Egyptiennes et Grecques dé-voilées.

Nourrir. V. CUIRE . C'est à cette opération qu'il faut rapporter ce que dit la Fable, lorsqu'elle nous apprend que Thétis nourrissait Achille d'ambrosie pendant le jour,

et qu'elle le cachait sous la cendre pendant la nuit, pour l'accoutumer au feu, qui devait être son élément.

Nourriture de l'Enfant. Ce terme s'entend du feu et du mercure philosophique; car il est dit dans la Fable, que Thétis, mère d'Achille, le nourrissait de nectar et d'ambrosie pendant le jour, et le cachait sous la cendre pendant la nuit. Achille est le symbole du feu du mercure, d'où doit naître l'enfant, qui est même souvent signifié par Achille, mais encore mieux par Pyrrhus son fils. La nourriture est le mercure, et l'enfant est le magistère qui doit en sortir.

Noyau. Mercure des Philosophes, ainsi nommé de ce qu'il faut le tirer de sa minière en en séparant les parties terrestres, aqueuses et hétérogènes, dans lesquelles il est enseveli comme le noyau est enveloppé de son écorce. Laissez l'écorce et prenez le noyau, dit Philalèthe; c'est-à-dire, prenez l'amande, et laissez le bois qui la couvre.

Nuba. Cuivre. On a donné le nom nuba à la manne qu'on amasse en Irlande, parce qu'elle en a une couleur rougeâtre, comme celle du cuivre. Planiscampi dit qu'elle est couleur de rosé, et qu'elle est la seconde espèce de Téréniabin.

Nuchat. Airain.

Nuée qui éclipse le Soleil. Expressions qui signifient la noirceur et la putréfaction de la matière. Les nuées des Philosophes sont les vapeurs qui s'élèvent de la matière au haut du vase, où elles circulent, se condensent, et retombent en pluie ou rosée, que les Adeptes appellent rosée de mai. La pluie d'or qui tomba

dans l'île de Rhodes au moment de la naissance de Minerve, était produite par ces nuées. Elles forment aussi celles dont Jupiter environnait lo pour la soustraire aux yeux de la jalouse Junon. Ce sont encore ces nuées dans lesquelles Junon et Jupiter se cachaient sur le Mont Ida. Cette nuée est aussi celle qu'embrassa Ixion, et celle dans laquelle Néphélé fut métamorphosée; enfin celles sur lesquelles Iris était portée, quand elle faisait ses messages. Car Iris ou les couleurs de la queue du Paon ne se manifestent que dans le temps que la matière se volatilise.

Nuhar. Airain. Vénus.

Nuit (la). Fille de la Terre et du Chaos. Orphée dit qu'elle était la mère des Dieux. Elle s'allia avec l'Erebe, dont elle eut beaucoup d'enfants.

Les Philosophes prennent aussi la Nuit pour symbole de leur matière parvenue au noir, ou en putréfaction. Elle est alors en effet la mère des Dieux Chymiques, parce qu'ils ne donnent le nom de Saturne à leur matière, que lorsqu'elle est au noir plus noir que le noir même; et Saturne est le premier de ces Dieux.

Nummus. Matière de l'œuvre au noir.

NusiadaL

Nusiadat. Sel armoniac.

Nussiadai.

Nux Unguentaria. Ben.

Nyctée. Père d'Antiope, conçut une grande aversion pour elle, ce qui l'obligea à se retirer chez Epopée, Roi de Sycione, qui l'épousa. Elle en eut Zéthus et Amphion, qu'on dit fils de Jupiter. Voyez ANTIOPE .

NYCTEE était aussi le nom d'un des chevaux attelés au char de Pluton.

Nyctimene. Fille de Nyctéus, fut éprise d'amour pour son père même, et trouva le moyen de s'unir avec lui sans qu'il la reconnût. Ayant découvert la chose, il voulut la tuer; mais les Dieux la changèrent en chat-huant. Cette fable s'explique de la même manière que celle de Myrrha, dont voyez l'article.

Nymphes. Filles de l'Océan et de Thétis; Hésiode les fait naître de l'écume de la mer, ainsi que Vénus. On leur donnait des noms analogues aux lieux qu'on supposait qu'elles habitaient. Limniades, celles qui fréquen-taient les étangs; Napées, celles qui présidaient aux Bocages : celles qui se plaisaient dans les bois, Dryades; et Hama-Dryades, celles qui s'attachaient à quelque arbre particulier; celles des montagnes, Oréades; celles enfin qui habitaient la Mer, Néréïdes.

Porphyre (de Antr. Nymp. p. 25) pensait que l'idée des Nymphes était venue de l'opinion que les Anciens avaient, que les âmes des morts erraient autour des tombeaux où leurs corps étaient enterrés, ou dans les lieux qu'elles avaient habités pendant leur vie. Mais Homère donne le nom de Nymphes à des Bergères, et à des Dames illustres. Hésiode en faisait monter le nombre à trois mille, et les fait vivre plusieurs milliers d'années. C'est aux Nymphes que Jupiter, Bacchus, et la plupart des Dieux et des Déesses doivent leur nourriture et leur éducation. Homère fait une description admirable de l'antre des Nymphes.

Elles gardaient les troupeaux du Soleil, et suivant ce qu'en dit le même Auteur, elles tenaient plus de la beauté et de la nature des Déesses, que de celles des femmes.

En général les Nymphes sont prises par les Alchymistes pour les parties volatiles de la matière du Grand Œuvre. C'est pourquoi les Anciens avec Orphée pensaient que les Nymphes étaient proprement l'humeur aqueuse animée par le feu de la Nature, qui était la base de la génération de tous les mixtes.

Nysa. Ville située sur les confins de l'Arabie et de l'Egypte, dans laquelle Bacchus naquit. Il fut nourri par les Nymphes dans une île du même nom, formée par les eaux du fleuve Triton. C'était le pays le plus agréable du monde; des eaux limpides y arrosaient des prairies verdoyantes et émaillées de fleurs; il abondait en toutes sortes de fruits, et la vigne y croissait d'elle-même. La température de l'air y était si salutaire, que tous les habitants y vivaient sans incommodités jusqu'à une extrême vieillesse. Voyez les Fables Egyptiennes et Grecques dévoilées, liv. 3, ch. 14, § 2.

Nysadir. Sel armoniac.

Nysœ. Sel armoniac. Rullandus.

 

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