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La coction ultime dans l'oeuvre Troisième

Leo Ireneus©

                                                                                                                                                                                                                       Terme heureux de l'industrieux labeur, la Pierre au rouge est d'élaboration délicate et difficile, requérant des tours de main si secrets, mise à part le fastidieux travail, qu' il est presque impensable de pouvoir y accéder sans l'aide d'un vrai possesseur de la fabuleuse Médecine.

Les phases qui sanctionnent l'œuvre au rouge n'ont jamais été dévoilées en entier.  La majorité des adeptes les ont réservées à leurs disciples les plus méritants, dérobant aux téméraires, assez heureux d'avoir pu pénétrer la forteresse chymique, les clefs finales de la réussite. Certains chercheurs, pourtant sincères, obnubilés par la recherche de la précieuse substance rouge, la veulent tirer de tout et de n'importe quoi. Cette fièvre de la poudre rouge, plus pernicieuse que celle de l'or vulgaire, leur ôte parfois le fruit d'un labeur mérité car la Pierre ultime n'affecte la fameuse couleur qu'après une longue série d'opérations, très rarement de façon immédiate.

 

la Rose dans le Croisel

 

 

Pour en revenir à l'œuvre troisième au rouge, il se décline, en entier, très précisément en quatre parties qui sont dans l'ordre:

·        La confection de la Pierre sous forme de soufre rouge

·        La production de l'Elixir

·        L'extraction de la teinture

·        La fabrication de la poudre de projection

Ces quatre points sont immuables dans l'œuvre dernier et sont les fondements de la captation et de la matérialisation de cette énergie subtile que nous appelons Lumière astrale.

Ordinairement, la coction du troisième œuvre est présentée comme étant une coction linéaire, la matière étant soigneusement mise en vase clôt. Cette affirmation est puérile, et n'est qu'un grossier leurre destinée aux pratiquants inexpérimentés, ou oeuvrant sur des matières non destinées à l'œuvre et qui peuvent présenter cette apparence trompeuse. Ainsi, Fulcanelli, dans le tome premier de ses "Demeures Philosophales", dit très justement et avec autorité, à la page 393: "les artistes qui ont cru que le troisième œuvre se parachevait par une coction continue, n'exigeant d'autre secours que celui d'un feu déterminé, de température égale et constante, se sont lourdement trompés. La véritable coction ne se fait point de telle manière et c'est l'ultime pierre d'achoppement contre laquelle trébuchent ceux qui après de longs et pénibles efforts sont enfin parvenus à la possession du mercure philosophique. Une indication utile pourra les redresser: les couleurs ne sont pas l'œuvre du feu; elles ne paraissent que par la volonté de l'artiste; on ne peut les observer qu'à TRAVERS LE VERRE , c'est-à-dire dans chaque phase de coagulation".

Et l'Immortel de finir en disant en disant "Mais saura t-on bien nous comprendre?" Ce long passage vaut son pesant d'or. Et effet peu ont compris ces paroles révélatrices et charitables, car malheureusement, plusieurs ont dirigé leurs peines vers la recherche d'un hypotétique verre, doué de propriétés exceptionnelles et imaginaires, tout simplement parce qu'il n'existe pas! Délaissant la cabale phonétique qui leur aurait donné la clef, la plus part des artistes les plus sincères se sont mis dans l'impasse créée par leur fiévreuse imagination, en croyant trouver le fameux "verre" dans quelques substances vitrifiables et rares, passant outre l'homonymie donnant le mot "ver", qui s'adresse à notre terre sainte, le ver alchimique qui est notre Nitre d'où on tire le soufre finalement rouge.

 

1.     La confection du soufre appelé Lion Rouge

 

La meilleure méthode est à notre humble avis, celle de Flamel basée sur la manipulation dite des "Laveures". Cette méthode à l'avantage de garder l'embryon minéral assez subtil pour résister à la tyrannie du feu lors du passage au creuset. On évite ainsi de brûler les "fleurs", les parties les plus fines de la future Pierre, celles qui se colorent sous l'action du feu.

Après la première série des purifications, le sel philosophique doit être soumis à la cuisson à l'athanor, combiné l'une des matières les plus secrètes de l'œuvre : le sang du Lion Vert. Sans cette substance, il est impossible  de réaliser la Grande Pierre sous sa forme première de soufre philosophique, d'un rouge profond et sombre, d'un aspect de sang coagulé. Comme nous le disons tantôt, cette rougeur est progressive. Le soufre est d'abord pourpre, puis rouge brique avant de prendre la couleur définitive.   Les phases de coagulations et de décantations, sont voilées très précisément dans le symbolisme  du Griffon. Nous passerons sur le processus décrit par Fulcanelli et qui reste encore un casse-tête pour la majorité des labourants.    Mais ceux qui feront l'effort de saisir, même de façon formelle notre court développement sur la confection du Lion Rouge, trouveront réponse à cette énigme.

 

2.     La production de l'Elixir

 

L'Elixir se fait par dilution de la Pierre dans le Mercure sublime ou dans de l'eau-de-vie, un circulatum ne dépassant pas les 45°. On obtient alors la fameuse Médecine Universelle car elle guérit tous les maux non chirurgicaux, et a un fameux effet régénérateur sur l'organisme en entier. Dans les deux cas de dilution, les liquides affectent une belle couleur jaune d'or. Ce qui les fait appeler "OR POTABLE PHILOSOPHIQUE" car elles ne contiennent pas le moindre gramme d'or commun.

Si pour l'alcool, l'élixir jaunit de plus en plus lors de la coction à l'athanor, dans le cas du mercure sublime, le composé devient orangé puis rouge lumineux. Ces composés sont incapables de réaliser la moindre transmutation et ne sont affectés que dans la guérison des maux de tous les règnes de la Nature.

 

3.     L'extraction de la teinture au rouge

 

Elle se fait par le bain du métal commun parfait, l'or, strictement dans l'élixir réalisé avec le mercure sublime. On obtient alors un extrait rouge, capable non seulement de soigner les maux les plus incurables, mais aussi de faire des transmutations. La teinture commune du soleil est appelé aussi "Or portable" car il permet que se soit ingéré dans un but curatif et sans danger, la potentialité essencéfiée du plus pur des métaux communs. Grâce à l'élixir au rouge, l'or, entité dite "morte", se trouve entièrement transformé et redevient vif. Les alchimistes disent alors qu'il ressuscite dans leur secret composé. Ce qui  est en vérité, l'un des plus spectaculaires miracles de la Nature.

 

4.     La fabrication de la Poudre de Projection

 

Elle se fait à froid, ou à chaud dans un creuset à feu vif. C'est cette dernière technique qui est la plus largement décrite. Sur de l'or fondu, on projette dans les règles du soufre rouge convenablement multiplié. On obtient alors un composé cristallin et diaphane, facilement vulnérable appelé ABSOLUM. C'est cette matière qu'on appelle Poudre de Projection. C'est la forme définitive de la Pierre philosophique . c'est aussi celle qui est la plus décrite dans les traités qui passent majestueusement sur les différents étapes menant à sa fabrication, ce qui met dans le plus extrême des embarras, la majeure partie des prétendants au sacre hermétique.

La technique à froid est pratiquement inconnue. Elle se base sur une décantation de la Teinture au rouge. On obtient un amalgame d'or et de soufre rouge qu'on imbibe avec le liquide mercuriel teint. On fait ainsi jusqu'à ce que tout le liquide soit incéré dans la poudre qui durcit au fur et à mesure de la coagulation. Ensuite on peut procéder à la projection et à la transmutation, dans le respect de la plus stricte orthodoxie de l'Art. le pouvoir transmutatoire de la pierre philosophale, sous sa forme de poudre de projection est phénoménal et se fait sur tous les métaux.

En conclusion, nous dirons que la pierre philosophale affecte quatre formes précises. Chacune d'elles sont déterminées à un objectif précis. Et la forme finale de la pierre, ne pourrait s'obtenir sans toutes les précédentes.  

La Pierre philosophale est une condensation microcosmique de l'énergie animant l'univers. Lorsqu'on arrive à établir un parallèle entre les énergies du Grand et du Petit Monde, la brèche des possibilités de sa réalisation effective peut être atteinte. Et cette opportunité est constamment offerte aux chercheurs sincère et probes pour qui le Grand – Œuvre  reste le chemin menant à une plus grande maturation de leur intimité divine, donc à l'épanouissement de leur Etre en entier.